L’équipe Freebe a à coeur de te faire découvrir des métiers très variés et exercés par des indépendant.e.s comme toi. On te propose aujourd’hui de découvrir le portrait d’une nouvelle entrepreneure : celui de Manuella, psychopraticienne, coach de vie et fondatrice de My Deli Pression.
Manuella nous parle de son parcours atypique, sa reconversion professionnelle en tant que psychopraticienne, sa vision de l’accompagnement des personnes atteintes de dépression, ou encore de son organisation de freelance.
C’est parti pour notre interview du mois !
Je suis psychopraticienne. J’accompagne les personnes qui souffrent de dépression, mais aussi leurs proches et les couples qui se retrouvent à vivre avec la dépression, via la thérapie de couple.
À la base, je viens du domaine de l’informatique. J’ai connu deux grosses dépressions qui m’ont clairement démontré que la santé mentale est très incomprise en France. Je me souviens des échanges avec mon psychiatre qui me disait à chaque fois “ah ben c’est normal de vivre ça, c’est la dépression !”.
Un jour, ça a été la fois de trop et je suis allée lire tout ce que je pouvais sur la dépression sur Internet. J’avais besoin de comprendre ce qu’était vraiment la maladie et ce que je vivais. À partir de ce moment, je me suis rendue compte qu’on n’y connaissait globalement rien à la dépression en tant que maladie, et que seuls les psychiatres détiennent cette science, sans pour autant avoir toujours juste.
J’ai commencé à partager tout ça sur mon blog, car j’ai toujours eu des blogs depuis l’époque Skyblog (😂). J’étais aussi très active sur des groupes Facebook et j’encourageais beaucoup de personnes. Progressivement, on a commencé à me demander conseil, mais je ne me sentais pas légitime.
Alors que je n’étais pas du tout dans un projet de reconversion professionnelle, j’ai suivi une formation pour être coach de vie, histoire de calmer mon syndrome de l’imposteur et ma culpabilité. J’ai aussi lancé mon podcast Raconte-moi ta dépression. À partir de juillet 2020, j’ai commencé à accompagner de plus en plus de coachés dans leur guérison. J’ai aussi suivi une formation de psychopraticienne, ça a vraiment été le début officiel de ma reconversion. J’ai pu me lancer dans des accompagnements bien plus précis et dans la thérapie de couple.
Il faut savoir que je n’accepte pas d’accompagner les dépressifs n’ayant pas de suivi d’un psychiatre en parallèle. Mon travail vient en complément les concernant.
Autrement, mon travail est d’aider tous ceux qui sont touchés par la dépression. Car elle apporte généralement ce que j’appelle des dommages collatéraux. Dans une famille de cinq personnes, si la maman est dépressive, tout le monde se le prend en pleine poire. Son conjoint peut être blessé par ses propos, ses enfants peuvent souffrir de la situation, etc. Dans cette structure familiale par exemple, j’accompagne la maman à sortir de sa dépression, les enfants à comprendre sa maladie et le conjoint à prendre du recul pour mieux accompagner sa femme dans ce processus.
Pour l’anecdote, si je fonctionne ainsi, c’est parce que j’ai moi-même vu la galère de ma famille lors de ma dépression. Tout le monde a dû s’adapter à moi, et au final, j’ai compris qu’il est très difficile de convaincre une personne dépressive d’aller mieux. Je considère donc qu’il faut aider le dépressif, mais aussi ses proches pour retrouver l’équilibre.
Aujourd’hui, les gens viennent vers moi via mon podcast sur la dépression. Je suis très fière de produire un podcast sur la santé mentale bien positionné et assez écouté. C’est l’une de mes seules techniques pour me faire connaître.
Le psychiatre est un médecin qui a une spécialité en psychiatrie. Il peut diagnostiquer différentes pathologies : schizophrénie, bipolarité, trouble borderline, etc. Et notamment la dépression qui est un trouble de l’humeur. Le psychiatre traite la maladie et ses symptômes, puisque la dépression présente un dysfonctionnement biologique reconnu.
Les psychologues, eux, ont une maîtrise en psychologie et une connaissance en psychopathologies, ils apportent davantage un travail de fond. Ils proposent plutôt de la thérapie.
En tant que psychopraticienne, j’ai une formation sur des techniques de psychologie et un diplôme, mais ça ne remplace pas les 5 ans d’études nécessaires pour être psychologue. Je m’axe donc sur le fonctionnement de la personne dans l’objectif de l’aider à sortir de sa dépression. Je cherche à savoir ce qui alimente sa dépression, quel est son parcours de vie, sa gestion des émotions, etc. Car on peut avoir un traitement médical, mais une très mauvaise gestion de ses émotions. Et par conséquent, la dépression peut finir par revenir.
Travailler avec un dépressif est très long, cela demande du temps et de la patience. C’est une pelote de laine, et en tant que thérapeute, mon rôle est de refaire le fil avec beaucoup de douceur.
Mon programme en ligne pour les dépressifs n’est pas totalement autonome. C’est aussi un groupe de parole et une méthode en 5 étapes que j’enseigne de manière individuelle. L’accompagnement individuel du dépressif est très bien, mais il est encore mieux en groupe ! Il permet à la personne d’échanger avec d’autres qui vivent la même chose. En complément, et pour lui éviter d’aller chercher des informations sur Internet pour aller mieux (qui ne sont pas forcément adéquates), je lui propose aussi des vidéos. Mais, ce n’est pas possible de les suivre sans l'accompagnement individuel qui reste indispensable.
En revanche, je propose une formation pour aider un proche dépressif qui peut être suivie en toute autonomie.
C’est peut-être difficile à entendre ou présomptueux, mais selon moi, il faut avoir vécu la dépression. Ça fait toute la différence, même si ce n’est pas une vérité générale. Mon psy n’a pas vécu la même chose que moi, ça ne lui a pas empêché de me sauver !
Cela dit, j’ai par exemple une patiente en coaching de groupe qui m’a dit qu’elle n’arrivait pas à apprécier à 100% un évènement joyeux dans sa vie. Aux yeux des autres non dépressifs, ça paraît vraiment étrange, y compris pour certains psychologues. Chez un dépressif, il y aura forcément un flow de négativité (même quand on est à Disneyland et qu’on adore cet endroit !). Il est très compliqué pour lui de bien vivre le moment présent.
Si tu ne l’as pas vécu en tant que thérapeute, tu vas donner toutes les explications du monde à la personne pour qu’elle arrête de culpabiliser, alors qu’il faudrait lui faire comprendre que c’est normal. La clé, c’est le temps.
C’est très simple, il me faut absolument une heure de libre avant de commencer à travailler. La chance que l’on a en tant que freelance, c’est de pouvoir bosser de chez soi en choisissant ces horaires. Donc je me réveille le matin et je prends tout mon temps pour déjeuner, regarder la télé et les dessins animés (oui, à 34 ans on peut encore regarder TFOU !), ou bien un épisode de One Piece.
Mon souci, c’est que j’ai de grosses journées de travail avec mes coachings individuels. Alors, si au bout de deux jours, je n’ai toujours pas un bon mood, je préfère me poser des journées off. Il faut savoir que même si je suis sortie de ma dépression, j’ai toujours une problématique psychologique que l’on appelle la cyclothymie. Je ne suis pas bipolaire, mais je peux avoir 24 humeurs dans la journée. J’ai un traitement et je suis stabilisée, mais je choisis de ne travailler que 4 jours par semaine. Je me pose aussi d’emblée une matinée off toutes les deux semaines pour vider mon esprit.
Sinon, rien de tel que de jouer à Animal Crossing ou Mario Kart pour m’évader !
Les lundis, jeudis et vendredis sont réservés aux coachings, sur une plage horaire de 9h à 20h. Ce ne sont pas forcément des journées de coaching du matin au soir, car beaucoup de mes clients préfèrent avoir leur rdv en fin de journée. Je ne fais pas de coaching le mardi matin, c’est réservé à l’administratif et la gestion de mon entreprise. Le mercredi une semaine sur deux, je fais de la création de contenus (podcasts, newsletters, posts Instagram avec mon assistante, etc.).
Je n’ai pas forcément envie de former moi-même d’autres personnes. Ce que j’aimerais plutôt, c’est faire de la prévention en entreprise (contre la dépression, et non le burn-out), soit comment faire avec un collaborateur dépressif qui doit tout de même travailler. Je pourrais former et recruter, mais je fonctionne beaucoup à l’instinct et avec mon propre vécu avec mes coachés. J’ai donc ma propre manière de fonctionner et je ne pense pas que ce soit possible de la transmettre à un.e collègue. Traiter la dépression, ce n’est pas une simple thérapie avec des étapes à suivre.
J’utilise officiellement Freebe depuis début 2021. J’ai commencé à faire mes factures sur un outil vraiment moche qui m’avait été recommandé. Ça ne m’allait pas, car il manquait la possibilité de bien suivre mes factures, de pouvoir faire des rappels, etc. Or, j’ai une vingtaine de coachés par semaine, je dois donc pouvoir rapidement produire mes factures.
Avec Freebe, je ne me prends pas la tête, je crée très vite mes factures. Et le mardi, je fais juste le tour pour checker mes encaissements. Freebe, c’est clairement mon meilleur ami pour ça. J’aime aussi qu’il m’aide à surveiller mon seuil de chiffre d’affaires. D’ailleurs, j’ai passé toute l’année dernière à prier tous les saints logiciels pour ne pas dépasser le seuil de TVA. 😅
J’aime aussi le livre des recettes, c’est très carré et ça me permet de bien suivre la totalité de mes factures de coachings sans rien faire (ou presque). En bref, c’est un outil que je suis très contente d’avoir au quotidien. Merci Freebe !
Et un grand merci en retour à Manuella pour cette interview et ses confidences sur son quotidien d’entrepreneure ! Si tu souhaites la suivre ou faire appel à ses services, c’est par ici :
Son podcast Raconte-moi ta dépression